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Filmé par Chris Marker et Alain Resnais de 1952 à 1953 suite à une commande de la revue Présence africaine, Les statues meurent aussi sort en 1953 dans un contexte de décolonisation. Le film est alors censuré et fait l'objet d'une interdiction de diffusion en France pendant dix ans, au bout desquels ne sort qu'une copie tronquée d'un tiers du film sur les écrans.

Resnais et Marker partent d'un questionnement :
"Pourquoi l’art nègre se trouve t-il au musée de l’Homme alors que l’art grec ou égyptien se trouve au Louvre ?"

  • 1953, durée : 30mn
  • Réalisation : Alain Resnais, Chris Marker
  • Texte de Chris Marker, dit par Jean Négroni.
  • Photographie : Ghislain Cloquet
  • Musique : Guy Bernard
  • Production : Tadie-Cinéma
  • Prix Jean Vigo en 1954.

Source vidéo : Internet Archive SVG Vector Logos - Vector Logo Zone

Les statues meurent aussi …voici un film dont on a beaucoup parlé. Un peu trop, sans doute. Et il est probable que relâché par une censure qui le garde sous clef depuis 10 ans, il décevrait. Le “colonialisme” qu ‘il met en accusation dans sa dernière partie, qui le revendique en ces temps éclairés et décolonisateurs que nous vivons ? En fait, et même à l’époque de sa réalisation, les raisons de ce “Grandeur et décadence de l’art nègre” n’ont jamais été très claires. Elles visaient vraisemblablement plus la forme que le fond et plus précisément une certaine règle du jeu, un certain code non respecté de la “forme”. Ainsi, des fonctionnaires qui apparaissaient au hasard des bandes d’actualités utilisées dans la dernière bobine, et dont le visage était aussi inconnu des auteurs que du public, n’ont jamais pu se défaire de l’idée (étrangement flatteuse) qu’ils étaient pris personnellement à partie. Or il est bien établi que le pamphlet, genre admis et honoré en littérature, ne l’est pas au cinéma, divertissement des masses.

Chris Marker, dans Commentaires, paru au Seuil en 1961.

Quant à eux, ils savaient tout ce qui se passait en Afrique et nous étions même très gentils de ne pas avoir évoqué les villages brûlés, les choses comme ça ; ils étaient tout à fait d’accord avec le sens du film, seulement (c’est là où ça devient intéressant), ces choses-là, on pouvait les dire dans une revue ou un quotidien, mais au cinéma, bien que les faits soient exacts, on n’avait pas le droit de le faire. Ils appelaient ça du “viol de foule”. L’interdiction eut des conséquences très graves pour le producteur. Quant à nous – est-ce un hasard ? – ni Chris Marker ni moi ne reçûmes de propositions de travail pendant trois ans.

Alain Resnais, à propos d’un entretien avec deux des représentants de la commission de censure.

France Culture a diffusé  en 2006, dans le cadre de La nouvelle Fabrique de l’Histoire une émission consacrée au film.

Il existe une retranscription de cette émission, voir le site Fabrique de sens.

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Affiche du film