Orson Welles’ Sketch Book est le titre d’une série de six épisodes d’environs 15 minutes, tournés pour la BBC en 1955, et diffusés à la télévision du 24 avril au 3 juillet 1955.
Orson Welles est mis en scène face caméra et raconte des souvenirs, des expériences, et des anecdotes diverses. Il appuie sa narration de dessins esquissés pour étayer son propos.
Chaque épisode s’articule autour d’une thématique spécifique, un chapitre particulier des ses souvenirs.

Dans ce 6ème épisode, le dernier de la série, Welles aborde sa passion pour la corrida (même si ça ne peut plaire à tout le monde!), sous la forme d’un conte qui relate l’amitié indéfectible entre Juanito, petit garçon de ganaderia, et Benito, taureau destiné au combat né dans cet élevage espagnol.

            L’histoire est manifestement une reprise d’une partie de It’s All True, projet filmique initié au début des années 1940 et qui resta inachevé. Ce film devait comporter trois épisodes : un sur le carnaval de Rio (The Story of Samba), un autre sur le Nordeste (Jangadeiros ou Four Men on a Raft) et un sur le Mexique. L’épisode mexicain, tourné en noir et blanc sous la direction de Norman Foster à partir de septembre 1941 et supervisé par Welles, à partir d’un synopsis de Robert Flaherty intitulé Bonito the Bull, puis rebaptisé My Friend Bonito, évoque l’amitié d’un jeune garçon pour un taureau.

En voici un extrait : The blessing of the young animals

Welles a 17 ans quand il découvre l’Espagne. Tombé sous le charme de ce pays, il y séjournera à plusieurs reprises et y tournera une partie de ses films. C’est à Séville en 1932 qu’il se prend de passion pour la corrida, et son besoin d’être au centre de l’attention le pousse rapidement à revêtir l’habit de lumière. Il finance lui même quatre joutes pour se retrouver dans l’arène, se faisant appeler “El Americano”. Mais il renonce à son ambition de torero après deux blessures au cou et à la cuisse.

            Il décrit la tauromachie comme “un véritable art de titan” auquel il aurait voulu consacrer un film, traversé par un cinéaste qui aurait suivi des toreros de ville en ville.
            Deux ans après son décès, ses cendres, selon sa volonté, seront enterrées en Andalousie, dans un petit puit de la propriété de son ami le matador Antonio Ordóñez.

"You either have to know a lot about bullfights, and like them, or you don't know about them, and you don't like them..."
O.W. - Sketch Book 6 - 10'32

Comme je n’aime pas la corrida, parce que je n’aime pas l’idée d’un spectacle – ou d’un art même – de la mise à mort,  je ne cherche pas non plus à en connaitre davantage… Je trouve très opportuniste de justifier la prestation d’un combat à mort par la nécessité cathartique de la tragédie, a fortiori si l’un des protagoniste n’a pas la prérogative de la symbolique qu’on lui attribue. En effet, les taureaux ne savent rien des discours, même ceux qu’on aura élevés pour combattre.

            Alors je préfère conclure ce post par une autre référence de Welles donnée dans cet épisode : le taureau Ferdinand qui préfère respirer le parfum des fleurs.

Ferdinand the Bull - Dick Richard,1938 - Walt Disney